Il y a pas longtemps j’ai écrit un article à propos de cases il est pas ouf, voire un peu nul et naïf.
Mais il m’a aidé a avancer dans ma réflexion sur cette idée de cases.
J’estime maintenant que parler de « cocher des cases pour soi-même » est une grosse erreur fondamentale d’attribution.
Cette erreur relève du biais cognitif, ce qui signifie que nous (occidentaux au moins) y sommes généralement vulnérables, et consiste à accorder plus d’importance aux caractéristiques internes d’une personne (qui elle est, ce en quoi elle croit, etc.) plutôt qu’à des caractéristiques externes (la société dans laquelle elle évolue, etc.)
Son influence peut-être ignorée, comme dans le cas d’une personne qui se cherche plus où moins désespérément et va se raccrocher à un mot décrivant ce qu’elle pense être son identité parce qu’elle se retrouve dans les personnes qui y sont rattachées également.
Ou le biais peut-être instrumentalisé, comme dans le cas d’un discours individualiste visant à faire peser la responsabilité des oppressions et/ou stigmatisations sur les personnes oppressées et/ou stigmatisées.
Ce dernier le fait d’ailleurs en s’appuyant sur les personnes qui sont dans le premier cas, en s’aidant de cette espèce de tendance actuelle qui pousse à découper nos identités de manière toujours plus spécifique et en la renforçant.
L’identité est quelque chose de strictement personnel, pas au sens où il faudrait la garder pour soi mais au sens où elle n’est communiquable aux autres que de manière très incomplète.
Ça explique notamment le paradoxe et la vanité de cette quête de reconnaissance au travers de définitions toujours plus spécifiques1 et également pourquoi ce ne sont pas les identités (quelles qu’elles soient) qui causent notre rattachement par la société à un groupe social.
Je crois que personne ne se réveille le matin en se demandant dans quelle case elle va bien décider de se mettre aujourdhui.
La réalité est bien plus complexe et relève de la nécessité de composer avec les pratiques qui s’accordent le mieux à la manière dont nous nous percevons, dont nous voulons être perçues et avec le prix que la société va nous faire payer si ces pratiques nous font tomber sous le coup d’une oppression et/ou d’une stigmatisation.
Fondamentalement, ce sont les pratiques et les manières dont elles sont perçues par la société qui causent notre assignation à un groupe social et non pas la participation à un groupe social qui serait la cause de nos pratiques2.
Pour donner l’exemple d’un homme homosexuel, ce dernier n’a ou ne désire pas de relations sexuelles et/ou sentimentales avec des hommes parce qu’il est homosexuel mais il est homosexuel parce qu’il a ou désire des relations sexuelles et/ou sentimentales avec des hommes.
Ce sont ses pratiques (avoir ou désirer des relations sentimentales et/ou sexuelles avec des hommes) qui vont faire que la société va le percevoir comme membre du groupe social « homosexuel » et qui va le traiter en tant que tel, avec toutes les intimidations et menaces de violences que ça implique.
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