Il est temps de faire quelquechose à propos de Facebook

G. est sur Facebook comme tou⋅tes ses ami⋅es. Et comme tou⋅tes ses ami⋅es, il lui arrive de commenter des publications. Et d’être prise à parti par d’autres personnes. Il lui arrive également d’être choqué⋅e par les commentaires oppressifs de certain⋅es et de le faire savoir. Ça nous est tous et toutes arrivé.

Mais aujourd’hui, quelqu’un a décidé de faire un peu plus qu’exprimer son désaccord avec G. Quelqu’un a décidé de prévenir Facebook que G. ne jouait pas selon les règles du réseau social. Et aujourd’hui, Facebook a suspendu le compte Facebook de G. la coupant ainsi totalement de bon nombre de ses contacts qui n’avaient que ce moyen de communication pour interagir avec iel au quotidien.

Vous allez me dire que c’est de bonne guerre, après tout G. n’avait qu’à jouer selon les règles de Facebook et tout se serait bien passé. Le signalement aurait été classé sans suite, la personne n’aurait eu aucune raison de la dénoncer, je ne serais pas là en train de vous faire perdre votre temps avec une histoire sans importance.

Il est cependant intéressant de connaître la règle que G. a transgressé si volontairement et en toute connaissance de cause.

Cette règle, c’est la politique du nom réel et elle se justifie ainsi par Facebook :

Facebook est une communauté dans laquelle les gens communiquent en utilisant leur identité authentique. Nous demandons à chacun d’utiliser le prénom et le nom de famille qu’il utilise au quotidien, pour que vous sachiez toujours avec qui vous communiquez. Cela aide à garantir la sécurité de notre communauté.

Parmis les « points à garder à l’esprit » on trouve notamment :

Le nom que vous utilisez doit être le nom que vos amis utilisent pour vous appeler au quotidien et tel qu’il est indiqué sur vos pièces d’identité acceptables.

Cette règle, G. l’a trangressé car iel est non-binaire et que sur Facebook iel n’utilise ni son prénom ni son nom de famille tels qu’ils figures sur ses « pièces d’identité acceptables » mais tels qu’ils sont utilisés au quotidien avec ses proches. Iel a choisi de ne pas laisser Facebook nier son identité à moins de terminer une longue et éprouvante procédure de changement d’état civil.

Cette règle, nous sommes nombreux à la transgresser également pour d’autres raisons, que ce soit pour le fun, pour des raisons de protection de la vie privée ou pour des raisons d’activisme.

Mais celleux parmis nous qui, comme G., la trangressent parce que leur prénom de naissance est un rappel constant du genre qui leur a été assigné et qui ne leur correspond pas, font plus souvent face à ce genre de suspension que d’autres en raison de la transphobie présente dans notre société.

Quand la personne qui a signalé cette transgression a Facebook l’a fait, ce n’était pas parce qu’elle est fermement convaincue que la politique du nom réel « garantit la sécurité de notre communauté. » Elle l’a fait car Facebook lui fourni un outil lui permettant de faire taire une autre personne en raison de sa transidentité.

Ce n’est pas la première fois que ça se produit, ce n’est pas non plus la dernière, en 2014 déjà « Facebook promettait d’assouplir ses règles sur l’identité réelle de ses abonnés », en 2015 encore « Facebook assouplit sa politique du nom réel »

La vérité c’est qu’ils s’en fichent. Complètement.

Quelques minutes après avoir constaté la suspension de son compte et après avoir pris quelques instants pour accuser le coup, G. avait créé un nouveau compte, sous un nouveau nom un peu différent, avec une nouvelle adresse et avait envoyé ses dizaines de demandes d’amis et de participation aux groupes et aux évènements.

Et qui pourrait l’en blâmer ? Tout le monde est sur Facebook. Tout le monde tiens ses proches au courant de sa vie sur Facebook. Les concerts, expositions, mariages, vides grenier, food not bombs, manifestations syndicales ou non s’organisent sur Facebook. Et Facebook le sait. Donc ils s’en foutent de foutre à la porte une portion à leur yeux négligeable de la population pour satisfaire un petit kapo qui a besoin de laisser parler sa transphobie à l’occasion.

Il est temps de se barrer de Facebook et de partir vers des contrées où personne ne risquera d’être coupé de son monde parce qu’une corporation capitaliste en aura décidé ainsi.

PS : Cet article a bien évidemment une suite dans laquelle se trouve la présentation d’un réseau social alternatif n’étant pas limité par les problèmes inhérents à Facebook : Diaspora* comme alternative à Facebook.